Orsigna, le 12 mars 2004
Mon très cher Folco,
Tu sais combien je déteste le téléphone et combien il m’est difficile, désormais, d’écrire ne serait-ce que quelques lignes, car je suis à bout de forces. Donc, pas de "lettre", mais un télégramme avec les deux ou trois choses auxquelles je tiens encore et qu’il est important que tu connaisses.
Je suis terriblement affaibli, mais tout à fait serein. J’adore vivre dans cette maison et je compte ne plus bouger d’ici. J’espère te voir bientôt, mais seulement lorsque tu auras fini ton travail. Une fois que tu seras ici, tout nous bouleversera, surtout si tu acceptes cette idée à laquelle j’ai longuement réfléchi. La voici :
Et si nous nous retrouvions, toi et moi, tous les jours pendant une heure ?
Tu me poserais les questions que tu as toujours voulu me poser, et moi je te répondrais, à bâtons rompus, tout ce qui me tient à cœur, depuis l’histoire de ma famille jusqu’à celle du grand voyage de la vie. Un dialogue entre un père et son fils, si différents et si proches, un livre-testament que tu devras ensuite mettre en forme.
Ne tarde pas, parce que je ne pense pas qu’il me reste beaucoup de temps. Fais tout ce que tu as à faire et, de mon côté, j’essaierai de survivre pendant quelque temps encore pour ce très beau projet, si tu es d’accord.
Je t’embrasse,
ton papa
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