
Alors que les deux journalistes français Thomas Dandois et Pierre Creisson ont été libérés samedi, les Nigériens, Moussa Kaka (RFI), Ibrahim Manzo (Aïr-Info) risquent toujours la peine de mort pour avoir exercé leur métier en zone de conflit.
Moussa Kaka est emprisonné depuis le 26 septembre. Ce correspondant de RFI est accusé de liens présumés avec le mouvement des rebelles. Ibrahim Manzo, directeur d’un bimensuel nigérien a été arrêté le 9 octobre pour « association de malfaiteurs » en lien avec les touaregs.
Fin décembre, les autorités nigériennes arrêtent les deux reporters français Thomas Dandois et Pierre Creisson pour avoir filmé la rébellion Touareg dans le nord du pays, une zone proscrite par le pouvoir politique. Le chef d’accusation retenu contre eux est grave, il s’agit "d’atteinte à la sûreté de l’Etat". Le chauffeur nigérien qui les a conduit sur les lieux, Alhassane Abdurahman, est également inculpé au titre de complice. Après un mois d’incarcération, les deux reporters français ont rejoint la France samedi. Leur chauffeur, quant à lui, est toujours incarcéré.
Le juge d’instruction nigérien chargé de l’affaire a autorisé leur remise en liberté sous caution (10 millions de francs CFA soit 15 000 euros), après avoir décortiqué leurs images, tournées pour le compte d’Arte. Des films sur lesquels on apercevait le visage des soldats nigérians pris en otage par les rebelles touaregs. Thomas Dandois et Pierre Creisson avaient obtenu l’autorisation de se rendre au Niger pour réaliser un reportage sur la grippe aviaire dans le centre du pays. Mais, ils en ont "profité" pour se rendre dans le Nord et interroger les rebelles du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ). Finalement, leurs rushes ont été confisqués. "On savait qu’il y avait une part de risque, que ça allait être compliqué, mais on ne savait pas que ça prendrait des proportions telles" a déclaré Thomas Dandois a la presse lors de son arrivée à Paris.
Les frères des deux journalistes s’étaient rendus sur place la semaine dernière, accompagnés par Robert Mesnard, président de Reporter sans frontières. Les familles des journalistes, RSF et le ministère des Affaires étrangères avaient appellé à la grâce du président nigérien, Mamadou Tandja.
Sur leur blog de soutien (http://pierre.thomas.alhassane.info/ ) on pouvait lire jeudi ce message adressé par les deux journalistes à partir de leur prison de Kollo : "Difficile de vous cacher que la situation nous paraît bien sombre certains jours, pleine d’espoir aussi à d’autres moment, surtout lorsque nous lisons vos message. C’est un peu comme si nous passions un petit moment avec chacun d’entre vous. (…) Tant que nous vous sentirons à nos côtés, nous tiendrons !"
Journalisme.com vous invite à poursuivre votre soutien à Moussa Kaka (RFI), Ibrahim Manzo (Aïr-Info), toujours emprisonnés au Niger.
Bahar Makooi