L’agriculture figure en bonne place de nos quotidiens nationaux à
l’occasion du Salon de l’Agriculture qui se tient actuellement à la
porte de Versailles. C ‘est cependant tout au long de l’année que près
de 190 titres – soit plus de 500 journalistes – traitent l’actualité
agricole au quotidien.
Comment se partage le secteur ? Quels sont les défis à relever pour
cette presse spécialisée ? Qui sont les journalistes qui y travaillent
? A l’occasion du Salon de l’agriculture, gros plan sur la presse
agricole.
Huit agriculteurs sur dix sont de fidèles lecteurs de la presse
agricole. Pourtant les journaux du secteur ne sont pas épargnés par la
crise qui secoue la presse en générale. Et pour cause, d’une année sur
l’autre le nombre d’agriculteurs français chute de 3 à 4%. Une baisse
qui risque de s’accélérer avec le départ à la retraite des baby
boomers. "Moins
d’agriculteurs c’est moins de lecteurs. La question qui se pose
aujourd’hui est de savoir jusqu’à quand la presse agricole va réduire
ses tirages" s’inquiète Eric Young, du Syndicat National de la
Presse Agricole et Rurale (SNPAR) et directeur de publication de
l’hebdomadaire Horizons.{xtypo_rounded_right1} La presse agricole en chiffres
Lire l’encadré
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Autre problème, avec le regroupement des exploitants en Gaec, un même
journal est lu par plusieurs personnes à la fois et le nombre
d’abonnements chute. "Sur
chaque département, en nombre d’abonnés, il y a un seuil critique qu’il
ne faut pas dépasser pour pouvoir fonctionner économiquement. Au bout
d’un moment, il faut penser à se regrouper ", observe Paul Pen,
président du SNPAR. La conséquence se fait sentir en premier lieu sur
la presse agricole départementale. Ainsi, les titres départementaux
tendent à disparaître au profit des journaux agricoles régionaux, comme
pour le régional breton Terra (Terres agricoles de Bretagne), tiré à 35 000 exemplaires hebdomadaires, issu de la fusion de trois départementaux.
Internet : "Le monde rural n’est pas en retard"
Aujourd’hui
on compte environ 190 titres de presse agricole, dont 117 titres
départementaux. Ils tirent l’essentiel de leurs ressources de la
publicité et des abonnements. Or depuis une dizaine d’année, la presse
agricole est victime d’une restructuration du marché des produits
agricoles (phytosanitaires, semences, machines agricoles). "Ces annonceurs se sont regroupés pour ne former que quelques grosses sociétés qui communiquent beaucoup moins", explique Paul Pen. "Certains annonceurs ne passent plus par le papier mais uniquement par le web". L’avenir de la presse agricole serait-il sur la toile ?
Il y a deux ans, le SNPAR a créé une Commission Internet pour réfléchir
à cette question. Pour Eric Young, président de cette commission, la
conversion sur Internet "pose
la question de la proximité et de l’ancrage territorial, deux notions
sur lesquelles s’appuient fortement la presse agricole." Il juge à près de 50% le nombre de titres agricoles qui possèdent une version web. Des hebdomadaires régionaux comme Le Paysan Breton (56 921 exemplaires diffusés), ou des mensuels spécialisés comme La Chèvre (3108 exemplaires diffusés) disposent de leurs sites Internet. L’Agriculteur Normand basé en Basse Normandie vient de lancer ses reportages en ligne.
Depuis la rentrée 2007, il existe même deux "web TV" agricoles. Lateleagricole.net et Tvagri.info, qui diffuse un JT hebdomadaire de 20 minutes. "Le
monde rural n’est pas en retard. Le taux d’utilisation et d’équipements
Internet des agriculteurs est le même que dans le reste de la
population", explique Eric Young, balayant les clichés véhiculés
sur le monde agricole. En revanche, il souligne le taux
d’équipement important en téléphonie mobile, laissant présager un
marché intéressant pour la presse agricole. Les marchés des denrées
devenant extrêmement volatiles, les agriculteurs peuvent perdre de
l’argent s’ils ne vendent pas leur grain à temps. "Ils demandent à avoir l’information sur le cours de leurs denrées à l’heure près", souligne Eric Young. Mais pour innover, encore faut-il pouvoir injecter les moyens nécessaires.
"La presse agricole fait face à une sous-capitalisation. Même si le
prix des abonnements est élevé, elle n’a pas d’assise financière
suffisante pour de gros investissements". Pour le moment les sites d’information agricole qui fonctionnent le mieux comme Pleinchamp.com ou Terre-net.fr, n’appartiennent pas à des groupes de presse mais à des société d’informatique et à des banques du secteurs.
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