Le TGI de Paris a présenté un début de réponse en condamnant le site "collaboratif" Fuzz.fr pour atteinte à la vie privée. Pierre Haski, fondateur de Rue89 et Amaury de Rochegonde, responsable du service médias de Stratégies réagissent.
Fuzz.fr n’est plus en ligne. Son propriétaire Eric Dupin a décidé de fermer le site suite à la décision du Tribunal de Grande Instance de Paris jeudi 27 mars 2008 de le condamner à payer 1000 euros d’amendes et 1500 euros de frais de dossier pour atteinte à la vie privée. Celui qui le met en cause est Olivier Martinez. L’acteur français lui reproche d’avoir laissé publier un lien vers un blog qui lui prête une liaison avec une autre célébrité. Un contenu dont Eric Dupin dément avoir la responsabilité. "Ce type de site n’est en aucun cas un blog mais se rapproche plus d’un forum automatisé ou d’un Dailymotion voire d’un moteur de recherche tel que google" affirme le bloggeur, sur la page web qui remplace Fuzz.fr. Ce faisant, il assure n’avoir aucun contrôle sur le contenu de son site et se protège en se positionnant uniquement en hébergeur de Fuzz.fr, non en éditeur.
"Pourquoi est-ce que le web participatif se passerait de la législation à laquelle les médias traditionnels, eux, sont soumis!" réagit Amaury de Rochegonde, responsable du service médias de Stratégies. Le journaliste voit dans cette décision "une très bonne nouvelle pour les médias". "C’est toujours malheureux de voir des décisions de justice provoquer la fermeture de médias, mais le fait d’être sur le web ne donne pas le droit de faire n’importe quoi", fait remarquer Pierre Haski, fondateur de Rue89.com. Son site d’information participatif, qui va fêter sa première année d’existence en mai, mêle les articles rédigés par des journalistes professionnels aux témoignages et expertises de spécialistes. "Une bataille de crédibilité se joue sur le web. L’affaire du SMS du Nouvelobs.com est emblématique de ce point de vue. Elle a révélé des systèmes de validation différents entre le site et le papier", condamne l’instigateur de Rue89.com. Sur ce dernier, tout contenu est vérifié et validé par la rédaction avant d’être mis en ligne.
La décision de justice à l’encontre d’Eric Dupin résonne comme un avertissement en direction des hébergeurs de sites Internet. "C’est la fin d’un journalisme trash qui n’aurait pas de limite" juge Pierre Haski. Le bloggeur incriminé, lui, voit plutôt dans ce choix du Tribunal "de nombreuses contradictions qui risquent d’insuffler un climat de peur et d’insécurité néfaste à toute l’économie d’Internet ainsi qu’à sa liberté d’expression."