Numéros spéciaux,
soirées électorales dans les radios et les télévisions… Les rédactions
françaises se mobilisent pour couvrir les élections municipales et cantonales. Mais les
journalistes de l’Hexagone ne sont pas les seuls à s’intéresser à
l’actualité politique française. A l’occasion de cet événement, journalisme.com vous
présente le travail et les réflexions de correspondants étrangers en
poste à Paris.
Deuxième témoignage : Magnus Falkehed, fondateur de l’agence de presse
ScandiPresse. Il travaille notamment pour le quotidien suédois Göteborgs Posten.
Comment allez-vous traiter les élections locales françaises ?
J’ai eu quelques commandes, notamment un gros reportage pour lundi prochain pour le Göteborgs Posten. Il s’agira d’une analyse avec un angle national sur les conséquences de ces élections. Va-t-on assister à un remaniement ministériel ? Quelles seront les anecdotes ? Comment cela va se passer à Neuilly ? Verra-t-on du "bling bling" ? Je vais faire une grande soupe de tout ça. Mais ce sera tout pour ce premier tour : ces élections municipales sont quand même concurrencées par les élections espagnoles, la prise de pouvoir de Medvedev en Russie et les primaires américaines.
Quelles différences constatez-vous entre la France et la Suède ?
En Suède, les questions des journalistes sont beaucoup plus techniques. On demande une argumentation plus soutenue. Quand un candidat, président ou maire, déclare qu’il dépensera 100€, les questions ne tardent pas : "Où allez-vous les prendre ?", "Comment analyserez-vous les conséquences de cette politique ?". Les questions sont vraiment pointues. Tant au niveau national que dans les journaux locaux.
Un autre exemple ?
En Suède, les journalistes ne voyagent pas avec les hommes politiques. Il n’y a pas vraiment de voyage de presse. La rédaction paie le billet et loge le reporter par ses propres moyens. Même quand exceptionnellement un journaliste prend un avion du gouvernement, le journal demande une estimation du prix à l’Etat pour le rembourser. Cet exemple est à mettre en relation avec la promiscuité de certains journalistes avec le milieu politique en France.
Comment définiriez-vous la façon dont sont couvertes les actualités suédoises par les médias français ?
Les journalistes prennent beaucoup de raccourcis, même si le métier veut ça. Tout ce qui est anecdotique est remonté par rapport au fond. Comme lorsqu’en Suède des femmes s’étaient baignées seins nus à la piscine, pour demander l’égalité vis-à-vis des hommes. Pour autant, ce traitement ne me choque pas vraiment. Nous les Suédois, nous voyons la France comme un pays incapable de changement et où la corruption est importante. Alors, je dirais même que c’est de bonne guerre.
Propos recueillis par Maxime Mamet
L’agence de presse de Magnus Falkehed
Le site du Göteborgs Posten