Elue mardi 12 février à la présidence de la société des rédacteurs du Monde (SRM) Béatrice Gurrey succède à Jean-Michel Dumay à ce poste. Celui-ci a été contraint de quitter ses fonctions à la tête de la SRM, suite aux différents qui l’opposaient aux membres du conseil de surveillance. Le 25 janvier, après un conseil houleux et six heures d’âpres négociations, il a dû s’engager par écrit et "sous la contrainte", a-t-il affirmé à l’AFP, à ne pas "accepter de nouveau mandat en juin 2008". Il n’a pas attendu ce terme et a remis sa démission deux semaines plus tard.
Tenace, Jean-Michel Dumay était devenu trop encombrant aux yeux du conseil de surveillance. Sa présidence à la SRM coïncide avec une année de turbulence à la tête du Monde : le départ de Jean-Marie Colombani en mai, la démission du directoire Pierre Jeantet, Bruno Patino et Eric Fottorino en décembre et d’Alain Minc en janvier.
Béatrice Gurrey connaît très bien Jean-Michel Dumay pour avoir travaillé à ses côtés en tant que vice-présidente de la SRM. D’ailleurs l’ombre du journaliste d’investigation, qui s’est attaqué aux comptes du Monde, plane toujours sur la SRM puisqu’il en reste le cogérant. Il garde ainsi ses fonctions à la tête du Forum des sociétés de journalistes. Seule candidate à sa succession, Béatrice Gurrey a été élue d’emblée.
A l’heure où on entend parler d’un plan social, pour la nouvelle présidente de la SRM le défi est de taille. Si l’arrivée de Louis Schweitzer à la présidence du conseil de surveillance a apaisé quelques tensions, c’est sur fond de crise financière qu’elle prend ses nouvelles fonctions. L’endettement du groupe s’élève à 150 millions de dettes, et près de 20 millions d’euros de perte ont été enregistrées pour 2007. La menace d’une recapitalisation guette à l’horizon et les actionnaires externes Lagardère et Prisa, engagés à hauteur de 17% et 15%, projettent de prendre le contrôle du capital.
Une recapitalisation à laquelle la SRM est fermement opposée. Actionnaire de référence du groupe majoritaire au sein du conseil de surveillance avec un 33% des droits de vote. Elle possède une minorité de blocage mais l’augmentation des parts de Lagardère et Prisa pourrait engendrer la dilution de cette position privilégiée.
Béatrice Gurrey interviewée par notre rédaction revient sur les prémices de la crise du quotidien et souligne son attachement à l’indépendance éditoriale "qui passe par une indépendance économique" :