Numéros spéciaux,
soirées électorales dans les radios et les télévisions… Les rédactions
françaises se mobilisent pour couvrir les élections municipales et cantonales. Mais les
journalistes de l’Hexagone ne sont pas les seuls à s’intéresser à
l’actualité politique française. A l’occasion de cet événement, journalisme.com vous
présente le travail et les réflexions de correspondants étrangers en
poste à Paris.
Cinquième témoignage : Louis-Bernard Robitaille, correspondant à Paris
pour le quotidien québécois La Presse
Comment allez-vous traiter les élections municipales françaises ?
Elles n’ont tout de même pas intérêt gigantesque. Il y a une page aujourd’hui samedi qui sera consacrée à deux villes de la banlieue parisienne : Neuilly et Montreuil. A Neuilly, la droite se déchire après l’affaire Jean Sarkozy-David Martinon. A Montreuil c’est la gauche, avec Dominique Voynet et le maire sortant, Jean-Pierre Brard. Dimanche, nous montrerons le test que représentent ces élections pour Nicolas Sarkozy. Et lundi, nous ferons un point sur ce qui s’annonce comme un désastre pour la droite, qui pourrait perdre Toulouse et Strasbourg. Nous allons avoir une seule page par jour, c’est déjà pas mal. Deux, auraient été bien. J’aurais pu parler, par exemple, de Toulouse et Marseille plus en détails.
Quelles différences constatez-vous entre la France et le Québec ?
Les élections municipales au Québec, c’est vraiment du local. En France, les élections locales ont une portée nationale. Comme disait Mario Dumont, l’un des leaders de l’opposition québécoise, lors de sa récente visite à Paris : "Au Québec : c’est le contraire. Si une liste veut se présenter, elle doit mettre un peu de tout, un conservateur, un libéral…" Quand nous travaillons sur des élections locales, nous travaillons donc sur des affaires et des problématiques locales, pas sur la politique nationale. Nous étudions les projets et aussi les personnalités des prétendants.
Dans beaucoup de journaux français, une journée est consacrée à une grande ville. Retrouve-t-on ce genre de traitement dans les médias québécois ?
Pas vraiment. Au Québec, il n’y a pas douze grandes villes. Il y a Montréal, Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke, et c’est tout. Nous travaillons donc plus sur les régions. Et puis, il n’y a pas la charmante diversité que l’on retrouve ici.
Que pensez-vous de la couverture de ces élections municipales, par les médias français ?
Je trouve que le traitement est plutôt bon dans les journaux français. Certes, ce n’est pas toujours inattendu. Mais, nous n’avons pas non plus de surprise majeure au niveau politique… Il n’y a pas de bouleversement, alors on répète toujours un peu les mêmes choses. Certains journaux, comme Le Monde, se sont améliorés. On y trouve plus de reportages et moins d’analyses politiques.
Beaucoup d’observateurs étrangers sont gênés, voire choqués, par la proximité qu’il existe entre la classe politique et les journalistes. Qu’en pensez-vous ?
C’est vrai qu’il y a souvent une connivence. Et c’est quelque chose que l’on ne voit pas chez nous. En France, le même journaliste suit le même homme politique pendant plusieurs années. Il se crée alors une certaine proximité. C’est sympathique, mais les journalistes ne savent plus ce qu’ils doivent faire. Où est la limite du "on", du "off", quand une information est donnée lors d’un dîner en ville, sur le ton de la confidence ? Il n’y a plus de séparation nette entre le travail et la relation. C’est la confusion. C’est différent en Amérique du Nord. Quoique… Nous avons un phénomène presque équivalent, mais c’est avec les attachés de presse…
Le site du quotidien québécois La Presse
Les municipales vues par Andrés Perez de Publico
Les municipales vues par Magnus Falkehed du Göteborgs Posten
Les municipales vues par Norito Kunisue de l’Asahi Shimbun
Les municipales vues par Iouri Kovalenko de l’Izvestia