"Nous avons tenté de joindre les directeurs de la PQR. Tous ceux que nous avons eus ne veulent pas s’exprimer" raconte Carole Petit, secrétaire générale du SNJ. Depuis les révélations de Mediapart, vendredi 25 janvier, l’inquiétude a gagné les rangs des salariés de France 3 qui cherchent à éclaircir le flou ambiant. D’après le site d’Edwy Plenel, l’Elysée aurait pour projet de confier les informations régionales diffusées par France 3 à la presse quotidienne régionale (PQR). "Nous risquons d’être vendus à la découpe", prévient Yann Fossurier, vice-président de la SDJ de France3.
L’article en question évoque des discussions entre les dirigeants des titres de la PQR et l’Elysée. "Selon nos informations, écrit le journaliste de Mediapart, il [Jean Michel Baylet, le directeur de la Dépêche du Midi] a été en contact avec l’Elysée à ce propos. Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, et Georges-Marc Benamou, conseiller de Nicolas Sarkozy, suivent directement l’affaire."
La direction de France 3 a pourtant démenti le schéma exposé par Mediapart, le qualifiant d’"hypothèse purement fantaisiste" dans un communiqué émis dimanche. Cela n’a pas rassuré les journalistes de la chaîne. "De notre point de vue, indique Carole Petit, la situation dépend de l’Elysée, pas de la direction de France 3. Les évènement récents [suppression de la publicité] ont montré que la direction de la chaîne n’a plus la main sur l’audiovisuel public." Un sentiment partagé par la SDJ de la rédaction nationale de France3.
La rumeur d’une privatisation des antennes régionales de la chaîne n’est pas une nouveauté. "C’est un scénario maintes fois pensé depuis les années quatre-vingt, au moment de la privatisation de TF1 par exemple. Sauf que dans ce contexte de flou financier, engendré par l’annonce de suppression de la publicité, nous prenons ça très au sérieux" prévient Yann Fossurier. "Les démentis ne sauront pas nous rassurer tant que le problème de financement ne sera pas réglé."
Outre la menace qui pèserait sur l’emploi des 1500 journalistes de France 3, la SDJ soulève le problème du pluralisme. "Sans faire de procès d’intention aux titres de la PQR, il est bon qu’un seul média ne fasse pas autorité sur l’information locale", ajoute Yann Fossurier. L’article de Mediapart évoquant la future entité parle également de "la création de sociétés d’économie mixte, intégrant aussi les collectivités locales". C’est alors la question de la frontière entre journalisme et communication politique qui serait posée.
Bahar Makooi