Après avoir été reçus par l’Elysée mardi 12 févreier, les syndicats de l’audiovisuel public restent en alerte et poursuivent la mobilisation. La plupart des éditions d’information de la télévision et la radio publique ont été annulées mercredi 13 janvier. RFI et TV5 Monde ont suivi la grève de 24 heures dans l’audiovisuel public, amorcée par France Télévision. Un mouvement sans précédent depuis l’éclatement de l’ORTF en 1974.
2000 à 3000 salariés de l’audiovisuel public ont manifesté mercredi après-midi dans les rues de Paris, avec un objectif commun : la défense du service public. « J’ai travaillé à TF1, à M6, avant de rejoindre France 2, raconte Karine Comazzi, journaliste et membre de la SDJ de France 2. Si j’ai choisi le service public, c’est parce que je peux proposer des sujets qui ne passeraient pas ailleurs : des enquêtes de cinq minutes qu’on prend le temps de réaliser correctement, de vrais sujets d’investigation. Dès lors qu’on nous en laisse les moyens nous continuerons à ouvrir sur l’international, faire des décryptages et pas des sujets en 40 secondes». « En matière sociale », souligne Jean-François Meekel, journaliste à France 3 Aquitaine, la spécificité du service public c’est de pouvoir « continuer à traiter des conflits vu du côté des salariés, et tenter au delà du factuel de situer la problématique dans le contexte plus général de l’économie. Pour la casse de Ford par exemple, 1600 emplois vont disparaître en 2009, dans la plus grande indifférence de l’industriel américain qui va faire fabriquer ses boîtes de vitesses en Roumanie. » Pour ce grand reporter qui travaille à France3 depuis 23 ans, l’information de service public est « paradoxale », « elle n’a pas à tenir compte du public… mais des publics. Pas question de se poser la question du plus grand nombre quand on fait un choix d’angle de traitement en partant de l’audience supposée. Chercher non pas l’anecdotique mais l’exemplaire, ce qui peut faire sens et relier des gens aussi différents dans la région Aquitaine que les Basques et les Périgourdins ». Pour Sylvain Rouil, journaliste de France 3 Picardie, le service public en région « permet d’avoir un média qui ne dépende pas d’un groupe industriel ou d’une collectivité territoriale, ni de l’audimat. » Il reproche aux chaînes privés de mettre en avant les reportages «sanguinolents» pour augmenter l’audience. « France 3 joue moins la carte du fait divers et du racolage ».
« Notre mission de service public, c’est l’éducation et la citoyenneté par la découverte et la connaissance », estime Pauline, journaliste de France 5. « Sur notre chaîne, il y a cette soif de connaissance absente des chaînes privées, axées sur la TV réalité et la fiction ». Le service public est aussi associé à la culture. « Dans le domaine culturel que j’ai longtemps traité, souligne Jean-François Meekel, il y a un refus, un peu trop obstiné quelquefois, de faire des reportages sur des auteurs ou des artistes « nationaux » qui viennent faire leur promo en région au profit de débutants, le plus souvent inconnus. Le service public c’est ne pas gaspiller le peu de temps d’antenne consacré à la culture pour voler au secours de la gloire ! ». « Quelle autre chaîne de télé programme encore du théâtre à 20h ? note Karine Comazzi de France 2. Pour les plus âgés, pour ceux qui vivent en province et qui n’ont pas spécialement accès à des grands évènements parisiens, c’est à ça que sert le service public».
Et vous, que pensez-vous du service public ? Si vous n’avez pas déjà donné votre avis sur le forum du ministère de la Culture, vous pouvez en discuter sur les blogs spécialement créés par la SDJ de France2 ou de l’intersyndicale de France Télévision ou bien déposer un commentaire ci-dessous.
Bahar Makooi