Numéros spéciaux,
soirées électorales dans les radios et les télévisions… Les rédactions
françaises se mobilisent pour couvrir les élections municipales et cantonales. Mais les
journalistes de l’Hexagone ne sont pas les seuls à s’intéresser à
l’actualité politique française. A l’occasion de cet événement, journalisme.com vous
présente le travail et les réflexions de correspondants étrangers en
poste à Paris.
Première rencontre avec Andrés Perez, correspondant à Paris du quotidien espagnol Publico
Comment allez-vous traiter les élections locales françaises dans votre journal ?
Notre quotidien a une approche différente des autres journaux espagnols. Nous voulions montrer quelques éléments de la "micro France". Le souci, c’est que l’actualité internationale ne laisse pas de place aux élections françaises. Donc pour l’instant, notre quotidien n’a rien publié de spécifique sur le sujet, à part quelques brèves. Dans les articles sur les mots de Nicolas Sarkozy lors du salon de l’agriculture, nous avons simplement mentionné que ces élections seraient un test pour la majorité. Je n’aurai pas beaucoup de place, au moins pour le premier tour.
Quels sont ces "éléments de la micro France" que vous voulez aborder ?
Je voudrais aller à Hénin-Beaumont par exemple. Il s’agit de faire un focus dans les régions populaires. La popularité de Nicolas Sarkozy se délite. Alors, nous nous posons la question : Une extrême droite renouvelée, en la personne de Marine Le Pen, peut-elle s’accrocher et remporter quelques villes ? Nous voulons aussi nous pencher sur le mystère des mairies d’extrême gauche. Il y en a une centaine en France. Je ne parle pas des mairies communistes mais des maires, issus de partis qui font appel "à la rue", qui se font élire sans étiquette dans des petites villes. Il s’agit de voir comment ils gèrent leurs budgets, et comment cela participe à l’érosion du PCF. Et puis, il y a évidemment Toulouse. La communauté espagnole est très forte. Quand ces immigrés sont arrivés, ce n’était pas encore l’Europe. C’est la dernière génération d’immigrés à avoir pris un ascenseur social en bon état.
Comment analyseriez-vous le traitement français de ces élections ?
Lors des précédentes élections, j’avais été impressionné par l’absence de pugnacité vis-à-vis de Nicolas Sarkozy. Cela lui a donné le luxe de dire des choses qu’il n’avait pas à dire. La vigilance n’a pas été française, même dans les médias de gauche. C’était étonnant. En Espagne, il y a une clarté dans l’affrontement politique entre médias de gauche et de droite. Les lignes sont tracées nettement. Du coup, les préoccupations et les questions sont plus terre à terre et dépendent moins des obsessions de tel ou tel candidat.
Constatez-vous un changement par rapport aux dernières élections ?
On a peut-être un retour au terre à terre justement. Je vois revenir des articles là-dessus, comme le fonctionnement du local par rapport au national. Si les institutions locales françaises passent à gauche, comment va se gérer le pouvoir… Les compétences sociales ont été déléguées aux départements et aux régions, mais l’argent est encore entre les mains de l’Etat. Ce genre de problématique apparaît dans les journaux. Je dirais que le travail journalistique est en train de revenir à la normale.
Dimanche, ce sont les élections législatives en Espagne. Comment définiriez-vous la façon dont sont couvertes les actualités espagnoles par les médias français ?
Les élections espagnoles traitées en France ont assez peu d’intérêt. On tombe tout de suite dans le côté folklorique : les bars, les tapas… Tout ça est un peu cliché. Il faudrait dépasser ça. L’autre extrême, ce sont les papiers beaucoup trop politico-technicien, qui, à mon sens, ont assez peu d’intérêt pour un public français.