Mercredi 19 novembre s’ouvrait à Lyon la première journée de débat public des Etats généraux de la presse. A l’occasion du XVIe congrès de la presse, éditeurs, journalistes et personnalités des médias ont pu assister aux premiers bilans des groupes d’Arnaud de Puyfontaine (Processus industriel) et de Bruno Patino (Presse et Internet). "Il s’agit avant tout d’établir un diagnostic partagé", a expliqué ce dernier dans son allocution…
"Chacune de nos réunions s’articule en trois temps : Contributions, échanges et propositions destinées aux pouvoirs publics. Il s’agit avant tout d’établir un diagnostic partagé." C’est ainsi que Bruno Patino, président du pôle 3 (Presse et Internet) des Etats généraux a commencé sa présentation des travaux en cours. Aucune révélation ni surprise dans cette intervention destinée avant tout à informer sur les pistes de réflexion et les méthodes employées au sein de son groupe de travail. "Je ne peux à ce stade vous apporter aucune information sur les propositions qui seront faites au gouvernement, a précisé le président du pôle 3, pour la simple raison qu’elles ne sont pas encore finalisées." Bruno Patino a cependant rappelé la constitution de son groupe de travail, "des professionnels de la presse, du web, de régies publicitaires, des représentants de syndicats…", ajoutant qu’un représentant du Forum des SDJ et un représentant de Mediapart étaient initialement conviés. "Ils ont finalement décidé de ne pas participer" a-t-il sobrement précisé.
Comment aborder le virage numérique en garantissant une information de qualité ?
Sous la forme d’un exposé clair et pédagogique, Bruno Patino a ensuite passé en revue les différents thèmes et interrogations abordés par son groupe de travail depuis le début des Etats généraux : Comment aborder le virage numérique en satisfaisant les exigences d’une information de qualité ? C’est la question essentielle à laquelle essaient de répondre les différentes personnalités qui participent aux réunions du pôle 3, associant plusieurs sensibilités et points de vue sur un domaine finalement baigné d’incertitudes.
Si l’on sait qu’il existe une offre de plus en plus abondante sur le Net, on sait aussi que cette augmentation de l’offre médiatique surpasse l’augmentation de la consommation et que les usages des internautes sont aujourd’hui fragmentés. "L’internaute n’est pas un lecteur de presse ni un téléspectateur, a expliqué Bruno Patino. On ne peut pas lui dicter ses modes d’usage mais au contraire essayer de les comprendre. Ils sont fragmentés, dilués dans le nombre croissant des chaînes." Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, plus l’offre est grande et plus on se polarise sur un nombre de supports réduit.
On sait… qu’on ne sait pas !
Accroissement de l’offre, chute du pouvoir des groupes de médias, diversification des sources de revenus à la baisse… Les thèmes liés à l’économie et aux possibles modèles économiques des sites Internet semblent être au cœur des préoccupations. "Quels sont les modèles de revenus ?", interroge Bruno Patino au terme de son allocution. "On sait comment un site Internet peut vivre, mais on ne trouve pas pour l’instant comment arriver à un équilibre entre le papier et le Net."
En résumé on pourrait dire que face au fameux tournant d’Internet, la seule certitude… c’est qu’on ne sait pas encore comment faire. Un avis semble-t-il partagé par Frédéric Filloux du Groupe Schibsted. Contributeur invité la veille par le pôle 3 des Etat généraux, il succédait à Bruno Patino afin de donner au public une idée de "l’ambiance des contributions du pôle".
"Bonne chance !"
"Comment faire face ?" le titre de l’allocution apparaît projeté sur l’écran géant de l’auditorium, imprimé sur la photo d’un gigantesque ouragan. "Il faut toujours dire la vérité aux malades…" commence Frédéric Filliou qui annonce d’ores et déjà un portrait plutôt sombre de la situation : "C’est la fin d’une époque", "aucun retour en arrière possible"… Autant d’expressions qui ne semblent a priori pas faites pour rassurer l’auditoire des patrons de presse et journalistes préoccupés par l’avenir de leur métier face aux nouvelles technologies.
A la fin de l’intervention, deux mots apparaissent en guise de conclusion sur le même ouragan : "Bonne chance !" En guise de commentaire Frédéric Filliou tempère, souriant : "Lorsqu’un jeune me demande si ça vaut le coup de faire ce métier aujourd’hui, je réponds oui sans hésiter !"… On ne demande qu’à le croire.
ECOUTER Frédéric Filloux : Un constat plutôt pessimiste…? (format MP3)
ECOUTER Frédéric Filloux : Le travail des journalistes devra être modifié… (format MP3)
Daphné Kauffmann
Téléchargez la contribution de Frédéric Filloux
Le site officiel des Etats généraux de la presse
Le blog des étudiants de Sciences Po sur le pôle 3 des Etats généraux