A QUOI SERT UN JOURNALISTE ?
par Jacques Saint-Cricq, Président du conseil de surveillance de La Nouvelle République
Le journaliste : pédagogue de l’actualité
En ce début de 21e siècle, alors que l’information irrigue notre société, grâce à la multiplication des outils de communication, on peut s’interroger sur l’avenir et le rôle du journaliste et même se demander s’il est toujours utile.
On constate en effet qu’il existe entre les journalistes et les médias d’une part et d’autre part le grand public, un fossé qui se creuse, une incompréhension qui s’amplifie. Dans un ouvrage récent, « Les journalistes et leur public, le grand malentendu », Jean-Marie Charon décortique parfaitement cette instance de divorce entre une profession toute entière et la société.
Alors, quelle réponse à cette question ? Ma conviction est que le journaliste est aujourd’hui, un rouage essentiel de la société, que son rôle dans l’avenir sera irremplaçable pour peu qu’il accepte de se remettre en cause pour tenir compte des bouleversements qui depuis 50 ans ont marqué la société.
Naguère le journaliste était celui qui, seul, pouvait avoir connaissance des évènements du monde et sa mission consistait à en restituer l’essentiel à ses lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs. Aujourd’hui les sources d’informations sont tellement multiples et quasi instantanées que chaque individu est inondé, sursaturé de nouvelles.
Le rôle du journaliste dorénavant doit être, non plus de relater les évènements, mais compte tenu de la complexité du monde , de les expliquer, de les décrypter pour aider chacun à comprendre ce qui se passe autour de lui. Le nouveau journaliste doit avant tout, me semble-t-il, être le pédagogue de l’actualité plus que son commentateur ce qui lui impose : – d’avoir une vraie compétence dans le domaine qu’il traite,
– de connaître parfaitement ce qu’attend de lui le public,
– de savoir adapter son message à l’outil de communication qu’il utilise,
– d’être plus que jamais rigoureux dans la recherche de la vérité,
– de rechercher et multiplier les lieux et les occasions de débats entre lui et son public.
C’est en fait une vraie métamorphose que doit s’imposer cette profession pour assurer son avenir et retrouver la confiance de toute la société